26 avril 2009

La Hague: Le Nez de Jobourg


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Retour de randonnée sur le Sentier des Douaniers, au sud du Cap de la Hague.
Fin d'après-midi. Il fait encore chaud, mais le soleil baisse vers la mer, les ombres s'allongent, et la lumière devient belle.
Plus qu'une 1/2 heure et bon nombre de photos avant de retrouver la voiture au Nez de Voidries!
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Michel Lebonnois écrit des petits contes qui sentent bon le vent d'ouest, sur son blog, http://cahierscotentin.centerblog.net , et il les a publié dans son livre, "C'est Dadou qui dit ça".

Michel se présente ainsi:
Originaire du sud de la Manche mais vivant à Cherbourg depuis plus de 40 ans, je suis venu à l’écriture à l’approche de la retraite professionnelle, d’abord à travers cinq Essais, pour laisser trace de mon activité dans le domaine des sciences sociales et de l’éducation, qui m’ont ouvert le chemin du plaisir d’écrire.
Un premier Roman, «DEROUTE» paru en 2005 a connu un vrai succès, tant auprès du public que de la critique et a obtenu le prix « Ville de Trévières » au Festival du Livre Normand en 2006 ; ont suivi «LE PILIER» puis «LE SECRET D’OMONVILLE», et enfin «CHERBOURG-PARIS, Km 171»

L'année dernière, il a posté sur son blog cette petite histoire du Nez de Jobourg:

QUAND LE NEZ DE JOBOURG ETERNUA
Conte écrit avec et Pour Florent, six ans, déjà passionné par l’histoire du monde:

A l’aube du monde, il y a des millions d’années, les Terres formaient une seule masse au milieu d’un océan qui abritait les prémices de la vie.
Quelque part au milieu de ces Terres, une colline parmi tant d’autres se tenait au chaud sous ses forêts.
Cette masse était en permanence agitée de soubresauts, frappée par les orages, bousculée par les vents ; des volcans immenses explosaient dans les vallées et la masse craquait et se brisait. Elle se mit à se disloquer, des morceaux partirent à la dérive, flottant sur le magma que vomissaient les volcans. La mer emplissait les vides entre les morceaux de Terre qui devenaient des îles ou des continents.
La colline restait au chaud sous ses forêts. L’eau s’était rapprochée, mais elle était quand même encore bien loin. Les vents courant autour de la Terre ne faisaient qu’agiter la cime des grands arbres et les pluies torrentielles arrêtées par les épaisses frondaisons ne pouvaient pénétrer qu’en rosée bienfaisante jusqu’à l’humus qui lui servait de couverture. Elle se trouvait bien ici, ses rochers solides sentaient la chaleur de l’épaisse couche de feuilles, d’herbe, de champignons, qui la recouvrait, et dans laquelle commençaient à s’agiter des vers et des insectes, premiers instants de l’évolution animale.
Ainsi vécut la Terre pendant quelques millions d’années. La Vie dans les mers apparut. Les bulles de l’océan remplirent l’atmosphère d’oxygène, et les animaux qui avaient besoin de ce gaz vital purent alors se développer.
Passèrent le Trias, première époque des dinosaures, puis le Jurassique, deuxième époque avec de nouveaux dinosaures encore plus gros, enfin le Crétacé et l’énorme et invincible Tyrannosaurus Rex.
D’autres nouvelles espèces d’animaux peuplaient peu à peu la Terre, se nourrissant d’herbes, de feuilles, ou se mangeant entre eux. La colline sentait cette vie courir sur son échine, et la chaleur des bêtes qui dormaient à l’abri de ses forêts.
Mais un jour qui dura sans doute plusieurs siècles, la tempête devint encore plus violente. Des vents furieux firent le tour de la Terre à des vitesses vertigineuses, penchant la tête des arbres jusqu’à toucher le sol, arrachant les plus fragiles qui partaient dans le vent jusqu’à la mer. Des volcans apparurent où il n’y en avait jamais eu, provoquant de nouvelles cassures et poussant au loin des nouveaux morceaux de Terre.
Les animaux fuyaient effrayés, martelant de leurs pas lourds le dos de la colline inquiète. Elle sentait cette folie du Monde jusqu’au fond de ses entrailles de granit. Une nuit où la fureur des éléments était encore plus intense, elle sentit craquer et geindre ses rocs qu’elle croyait invincibles, et un énorme morceau se détacha, partant sur la mer comme un bateau ivre, laissant de place en place des petits morceaux. L’océan pénétra en un flot furieux dans la faille et roula ses vagues jusqu’au pied de la colline, arrachant les arbres protecteurs, emportant l’humus bien chaud. La colline bien tranquille se retrouva falaise attaquée par la mer à longueur de jours et de nuits.



Au pied de la falaise, un long rocher en forme de nez résistait vaillamment, éperon qui brisait les élans de l’océan. Jamais il n’avait eu aussi froid. Il faisait face aux éléments que sa résistance déchaînait encore plus. La mer attaquait ses pieds, emportant à chaque assaut les pierres les plus tendres, ouvrant en son sein des brèches profondes. Les vents que plus rien n’arrêtait s’appliquaient à lui arracher le peu d’humus qui réchauffait son dos.

Et ce qui devait arriver arriva : le froid du vent s’acharnait sur son dos dénudé, et la mer portait l’humidité jusqu’au plus profond de son ventre. Il se mit à frissonner puis à trembler de plus en plus fort. Le long nez s’était enrhumé.

Soudain, toute la colline fut prise de soubresauts ; une brèche profonde s’ouvrit à son pied, de laquelle surgit un ENORME éternuement, un terrifiant ouragan qui repoussa au loin la mer et les îles, découvrant le sable et le limon qui furent projetés dans l’espace, provoquant un noir nuage de poussière qui cacha le soleil. Cela se reproduisit plusieurs fois pendant les jours suivants, bousculant les petites îles comme de vulgaire cailloux ; une faille s’ouvrit dans laquelle s’engouffra la mer en un flot furieux. L’obscurité avait recouvert la Terre. Les animaux affolés se ruaient les uns sur les autres ou se noyaient dans la mer.

La poussière qui retombait recouvrait la végétation.

En peu de temps, toute vie, privée de nourriture disparut. Le dernier carnivore résista encore quelques semaines, jusqu’à ce qu’il ait mangé la dernière carcasse ; il erra encore quelques temps dans l’obscurité, respirant la poussière mortelle.

Ainsi disparurent les dinosaures.

Seuls les animaux marins, bien cachés au fond de la mer, survécurent jusqu’à ce que la poussière soit toute retombée. Alors revint le soleil, l’herbe et les arbres repoussèrent, et des animaux sortirent de la mer pour s’installer sur la Terre.

Tout recommençait.


Plus jamais le rocher
qu’on appelle aujourd’hui
« Nez de Jobourg »
n’éternua.
Il s’est habitué à vivre
les pieds dans l’eau
et le dos au vent.

Il voit, loin au large,
les petites îles qu’il a bousculées,
et qu’un courant furieux
empêche de revenir.


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On the way back from a long hike on the coastal path, south of the Cape of La Hague. It is now late in the afternnon. it is still hot, but the sun is going down, shadows lengthen and the light is getting much better.
Only 1/2 hour and a load of pictures before we go back to the car at the Nez de Voidries.
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No translation today for our English-speaking readers, I could not do justice to this enchanting story by Michel Lebonnois, a local writer. It plays on the name Nez de Jobourg, which comes from the Old Norse word naes, meaning a point or a cape. but Nez, in French, means nose.
So the tale tells the history of the Earth around the Nez (cape) of Jobourg; how it became much cooler, so cold in fact that the Nez (nose) of Jobourg caught a bad cold and sneezed. And it sneezed so hard that some pieces broke off, landing a few miles offshore - forming the Channel Islands. They would love to come back, these islands, but the currents are too strong, and keep them at bay forever....

5 commentaires:

Hoai Bao Photography a dit…

What a grand view, absolutely beautiful! Nice shot.

Laurie a dit…

It is such a wonderful view. So green and alive.

don a dit…

A beautiful coastal shot. I especially like the water color at the sea's edge. Nice shooting.

Michel a dit…

Merci pour l'honneur que vous me faites en publiant ici ma petite histoire. Vous connaissez mon adresse, j'aurais grand palisir à aller faire quelques pas avec vous dans nos falaises un jour ou l'autre...
Michel Lebonnois

Arnaud a dit…

Superbes couleurs qui donnerait presque envie de se prendre une petite bruine !
Ici (Delhi) il fait aujourd'hui plus de 40 degres (33 la nuit) et la nature ne présente que des couleurs délavées par le soleil... Encore un mois et la mousson lui redonnera vie. En attendant, je vais prendre plaisir à suivre votre blog. :-)